Tout d’abord, l’expression « stagnum castrum », dans ce contexte, ne prouve pas l’existence d’un château. Ensuite, s’il y a bien un château en 1209, il faut le chercher à Étang même, vraisemblablement autour de l’église, et non à la Perrière.
Au XIIIe s., ces deux agglomérations sont bien distinctes. Elles sont situées de part et d’autre de l’Arroux, et La Perrière semble être une agglomération aussi importante qu’Etang. En effet, en 1243, une charte désigne ce dernier lieu sous le nom de Estans subtus Perreriam : donc la Perrière existe, et l’emporte sans doute en taille sur le bourg d’Etang. Jusqu’au XVIIe s., la Perrière aura sa propre foire, distincte de celles d’Etang.
La famille de La Perrière apparaît un peu plus tard, avec Gui de La Perrière, en 1253, célèbre pour avoir été emprisonné par le chapitre d’Autun et délivré de vive force par son seigneur Jean de Châtillon, châtelain de Glenne2. Gui de La Perrière tenait de Jean de Châtillon3 une simple « maison forte », qui s’élevait déjà vraisemblablement à la place du
château actuel.
La maison forte de La Perrière a peut-être été bâtie pour faire échec au château d’Etang, ce dernier étant fief de l’évêque d’Autun, et La Perrière dépendant directement des comtes de Nevers. Toujours est-il qu’après 1209, il n’est plus jamais question d’autre château que de celui de La Perrière.
Le château reste entre les mains d’une famille éponyme jusqu’en 1435, date à laquelle Philippe le Bon le confisque sur Gui de Cousan, partisan du roi, et le donne à Nicolas Rolin, fort satisfait sans doute d’étoffer son patrimoine castral près d’Autun.
En 1461, le château de la Perrière revient à Guillaume Rolin4, qui le garde au moins jusqu’en 1476.
En 1572, le bâtiment est aux mains de la famille La Guiche, mais ce n’est plus qu’un vieux château, qui ne vaut que pour son domaine. En 1610, le président Jeannin rachète cette seigneurie, dans le but sans doute de l’échanger contre la seigneurie de la Toison, indispensable pour agrandir son domaine de Montjeu.
En 1676, le château est amodié avec autorisation d’y prendre des pierres pour bâtir une maison au lieu-dit « la Croix » :
« 1676, 23 décembre — Entrage fait par Maître de Castille à Nicolas Bernard, de l'ouche de la Croix de 4 boisselées, enclos de plans vifs, tenant d'un côté au chemin d'Autun à Toulon, d'autre au chemin d'Etang à Mesvres, d'un long au bois et pâtureau de la Drée, pour trois livres de cens portant lods. Il sera, en outre, tenu de bâtir une maison dans ladite terre avec les pierres du château de la Perrière. » Il serait bien sûr fondamental de pouvoir localiser cette maison pour retrouver les pierres du château !
La Perrière n’est dès lors plus qu’un domaine, et le château tombe dans l’oubli, jusqu’à ce que Jacques-Gabriel Bulliot vienne visiter, et sans doute fouiller, ce camp notoirement romain :
« 1856 — Cette butte portait un castellum important qui était maître de la voie. Ses fortes assises se retrouvent encore sous les déblais et sous le soc de la charrue ; le piton était occupé par une de ces constructions rectangulaires souvent reproduites, dont les divisions intérieures ont disparu. Deux circonvallations étagées, d'une grandeur extraordinaire, en
fermaient les abords. Le plus élevé de ces vallum n'a pas moins de dix-huit mètres de large et deux cent quinze de développement. La féodalité occupa la Perrière dès une époque reculée et les tombes de ses seigneurs, du treizième siècle, pavent encore quelques fermes de Mesvres.
Ses ruines jonchées de poteries noires et de tuiles à rebords, de médailles romaines parmi lesquelles on a trouvé une clef en fer d'une forme fréquente dans les ruines d'Autun, ne peuvent laisser de doute sur son origine antique. »
Bulliot ne s’est peut-être pas contenté d’un examen superficiel ; la topographie du site permet de distinguer deux profondes fosses creusées sur le flanc ouest de la motte, à travers les courtines et en direction du centre. Ces fosses sont peut-être dues aux effondrements naturels du château. Néanmoins, elles évoquent les déformations qui affectent les sites de la motte de Visigneux à Marmagne, ou de celle du Maunay à Saint-Eusèbe, toutes deux visitées par l’archéologue du Beuvray.
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