La peinture est un moyen d’expression qui se suffit à lui-même, un langage propre qui se substitue à la parole. Pour apprécier la peinture comme je l’entends il faut se sensibiliser à sa grammaire.
Le dessin arrive avant l’écriture, c’est un média entre la pensée et le monde, une façon de se l’approprier en envisageant la créativité.
La peinture aujourd’hui, telle que je la conçois, n’a pas de message. Elle n’a rien d’autre que sa plastique qui est le chemin des sentiments. C‘est un vecteur. Je revendique l’absence de message, car je me veux libéré de tout extérieur, de toute implication sociale, politique pour ne m’intéresser qu’à l’image de la peinture en devenir.
Le réel ne suffit pas, j’ai besoin de travailler avec ce moyen d’expression qui me vient de je ne sais où, car rien dans ma famille ne me conduisait vers ces territoires. Le déclic a sans doute eu lieu, mais il m’échappe aujourd’hui, une rencontre fortuite sans doute, une boite de peinture à l’huile offerte par une personne avisée probablement.
Plus je rajoute de la couleur, plus je travaille la toile, la pâte, plus je descends en moi dans un espace inexploré que je tente de m’approprier, sans oser le comprendre, de peur qu’il ne disparaisse, j’y suis bien.
L’abstraction, permet à la fois l’interprétation personnelle de chacun et ce degré intime de communication entre celui qui fait, celui qui aime, celui qui n’aime pas, celui qui réagit. L’inconscient s’immisce…
Aller en soi, chercher l’archaïsme, c’est faire un pas vers l’autre, plus nous allons en nous même, plus nous approchons l’universel.
Je voudrais qu’on regarde mes peintures comme on écoute de la musique, comme un langage qui n’explique rien d’autre que lui-même, la résonnance des couleurs, le timbre, les vibrations, entre le message et l’évocation, entre la tête et le cœur.
Il m’importe de laisser la peinture dans le domaine qui est le sien, une sorte de flou artistique, un niveau de communication qui ouvre des possibles interprétations ou des éprouvés variables. Entendre ce que l’on veut bien entendre et voir ce que l’on veut bien voir.
Quand je la pose, la peinture, je la respire comme on peut le faire lorsque la nature nous envahie et nous transporte dans quelque chose de spirituel, quelque chose qui nous dépasse, où le sentiment d’être vivant nous comble.
Cette démarche est un voyage. Je ne sais pas où je vais, mais c’est au fur et à mesure que la toile se charge que j’avance vers l’équilibre, ou le déséquilibre assumé, parfois malheureux.
Dans ce cas, il faut changer de direction, remonter la pente, tourner à droite, à gauche…, mais j’avance en cherchant le sens caché des évènements picturaux et comment ils réagissent les uns envers les autres, comment ils se répondent, comment ils s’aiment ou s’affrontent. C’est parfois très dur, parfois jubilatoire.
Ce sont des allusions picturales, des notes de musique colorées, des "non représentations" que j’aimerais signifiantes pour tout le monde, car au-delà du discours….
Pas d’analyse, du ressenti, comme respirer le vent, sentir la chaleur du soleil, l’odeur des sous-bois, toucher une écorce, entendre le chant d’un oiseau. Toutes ces choses qui ne veulent rien dire d’autre que l’on est vivant et que c’est magnifique. Un moment vital, transcendant où je respire mieux, où je suis irrigué. Une forme de méditation.
Il faut s’imaginer la toile blanche au démarrage. Comme il n’y a pas de sujet, le travail commence par un fond acrylique qui détermine des mouvements, des taches, une couleur de fond. Parfois je me fais violence en utilisant des couleurs que je n’aime pas trop…comme un jeu avec moi-même.
J’avance, je rajoute je modifie, j’éclaircie, je fonce, je retourne, j’oublie la toile des jours, des mois, insatisfait de ce résultat provisoire, attendant le moment où je vais dire stop, celui-là est terminé. L’épreuve du mur conforte l’idée. Je sais à ce moment que l’équilibre y est, la cohérence et que c’est conforme à ma sensibilité du moment.
Il faut lâcher prise, lâcher le domaine du compréhensible pour aller vers le sensitif, l’émotion. Dans la peinture je deviens une personne autonomes, libre, détachée du réel, protégée des vicissitudes du monde, c’est une autre dimension, source de création, capable de contemplations, de fécondité, avec peut être une dimension métaphysique, une recherche d’équilibre et de plénitude, d’exacerbation des sens.
La peinture est une disposition du regard. Se libérer du sens, n’être que dans le ressenti plastique, ne pas être dans l’illustration mais dans l’abstrait qui est le principe même de la création. Faire quelque chose qui n’existe pas avant. La musique de la poésie est parfois plus belle que le propos lui-même.
L’unique convocation de l’intelligence conceptuelle ne saurait suffire à créer de l’émotion. La poésie, c’est l’évocation sensible d’un rapport au monde, à soi, aux autres, dans les replis secrets des émotions. La création qui part de la perception immatérielle de la réalité humaine, prendra corps pour s’incarner et devenir un de ses éléments solide. Les allers-retours entre le fond et la forme, au motif de la recherche et de l’honnêteté intrinsèque, c’est la magie de la création.
« L’artiste fait remonter à la surface, l’être de chaque présence. L’œuvre accomplie est, dès lors, comme un être vivant. L’expérience de l’évidence et du mystère tout à la fois, l’art transfigure l’extérieur en intérieur. L’art est une limite du monde où le verbe se tait et s’ouvre à la vision intérieure. La limite de l’artiste c’est la matière » L’artiste fait remonter à la surface, l’être de chaque présence ; l’œuvre accomplie est dès lors comme un être vivant. L’unité est dans l’être vivant qui tient, tout ensemble, telle est l’œuvre d’art, l’œuvre est animée par un esprit. L’expérience de l’évidence et du mystère tout à la fois, l’art transfigure l’extérieur en l’intérieur ». (Jean BRUN, qu’est-ce que la beauté).
- Peinture
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